Homélie du 33ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 8 novembre 2020Les talents que Dieu nous confie
La première lecture doit être lue à la lumière des Évangiles ; en l’écoutant, nous comprenons que la Sagesse de Dieu c’est le Christ qui vient à notre rencontre. Il apporte à tous ceux qui le cherchent lumière, joie et espérance. Il illumine notre vie et nous montre le chemin. Le Christ nous rend capables de l’accueillir lorsqu’il se présente dans notre vie. Il se présente chaque jour et nous sommes invités à l’accueillir avec amour et prévenance. Notre foi doit être une recherche, un désir de Dieu, une ouverture de nous-mêmes qui nous remet en route chaque jour.
Dans sa lettre aux Thessaloniciens, l’apôtre Paul nous demande de rester éveillés dans l’espérance du Royaume. Il s’adresse à des chrétiens qui vivent dans l’attente fiévreuse du retour du Christ. Ce “jour du Seigneur” viendra “comme un voleur à l’heure et au jour où on ne s’y attend pas. Paul recommande aux chrétiens de ne pas vivre dans l’impatience. Ils ne doivent pas non plus s’endormir. Ce qui nous est demandé, c’est de rester vigilants et de ne pas nous laisser absorber par des soucis trop matériels. Le Seigneur vient ; il est là au cœur de nos vies. Il nous demande d’être attentifs aux signes de sa présence et de lui donner la première place dans nos vies.
L’Évangile nous raconte la parabole des talents. Cette parabole, nous la connaissons bien. Mais il y a une chose que nous oublions souvent : Il ne s’agit pas d’un talent au sens de compétence ou de capacité ; ce talent dont il est question, c’est une unité de monnaie qui pèse trente kg. Pour une personne qui travaille douze heures par jour, c’est le salaire de six mille jours de travail. La somme remise à chacun est donc énorme.
La signification de cette parabole est claire : l’homme qui part en voyage c’est Jésus ; les serviteurs c’est nous. Les talents c’est le patrimoine que le Seigneur nous confie, c’est sa Parole, son Eucharistie, c’est la foi en Dieu notre Père, c’est son pardon, c’est encore des frères et des sœurs à aimer. C’est ainsi que le Seigneur nous confie ses biens les plus précieux. Il ne nous demande pas de les conserver précieusement dans un coffre-fort mais de les faire fructifier. Il veut que nous les utilisions pour le bien des autres.
Un jour, nous aurons à rendre compte de la gestion de ce trésor qui nous a été confié. Le Seigneur compte sur nous et il nous fait confiance. Nous n’avons d’autre garantie que la Parole de Dieu. La malédiction qui frappe le troisième serviteur ne s’explique pas par la petite somme qui lui a été remise. Ce que le Maître lui reproche, c’est sa paresse, c’est son peu d’empressement à faire valoir ce qu’il devait gérer. Ce mauvais serviteur cache le don de Dieu. Il aurait dû au contraire le placer sur une table comme on ferait d’une lampe allumée qui doit éclairer la maison.
Voilà un appel qui nous rejoint tous : quels que soient notre âge, notre situation, notre état de santé, personne n’est privé des dons de Dieu. Il donne à chacun selon ses possibilités ; il nous demande de donner le meilleur de nous-même pour les faire valoir au service des autres. Nous sommes tous envoyés dans le monde pour témoigner de cet amour qui est en Dieu. Nous vivons dans un monde dur et violent. Nous sommes tous invités à y être des semeurs de paix, de joie et d’amour. Notre action c’est comme une semence qui doit donner son fruit pour le Royaume. Et c’est ainsi que nous pourrons entrer dans la joie de Dieu.
La journée du Secours catholique nous donne l’occasion de répondre à cet appel du Seigneur. Depuis 1946, cette structure s’efforce de rayonner la charité. Dans chrétiens s’organisent pour faire reculer tout ce qui déshumanise. Malheureusement, les pauvres sont trop souvent victimes de préjugés. Nous vivons dans un monde dur et violent. Un jour, la question nous sera posée : “Qu’as-tu fait de ton frère ?” N’oublions pas, ce qui donne de la valeur à notre vie, c’est notre amour de tous les jours pour tous ceux et celles qui nous entourent.
En ce jour, nous nous tournons vers la Vierge Marie : elle a accueilli le don le plus sublime, Jésus en personne ; à son tour, elle l’a offert à l’humanité avec un cœur généreux. Demandons-lui de nous aider à être des serviteurs bons et fidèles pour participer à “la joie de Notre Seigneur”.
Télécharger : 33ème dimanche du Temps ordinaire
Journée nationale du Secours catholique : Lire
Commentaires de Marie Noëlle Thabut en 2011 : Lire
Face au confinement : Lire
Sources : Revues liturgiques – Lectures bibliques des dimanches (Albert Vanhoye) – Guide Emmaüs des Dimanches et fêtes (JP Bagot) – François selon saint Matthieu – Secours catholique.
Merci père Jean pour tes articles concernant le Secours Catholique et le confinement. Je ne savais pas que les interventions de Soeur Claire dataient de 2011 ce qui n’enlève rien à ses compétences.
C’est aussi une très bonne idée de retransmettre la messe
Pour ce qui concerne ton homélie, j’ai beaucoup apprécié les précisions que tu apportés dans la parabole des talents.
veillons !
Le site de Claire Patier n’est plus accessibles, mais les vidéos que j’ai enregistrées le sont.
Du talent ! Souvent, par méconnaissance de ses propres capacités ou par humilité, on se dit : ‘Je n’en ai pas !’ Mais, la parabole de l’Évangile d’aujourd’hui nous soutient le contraire. « Un homme partait en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l’un il donna une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul, à chacun selon ses capacités. » Certes, il ne s’agit pas du même ‘talent’ car il est question ici des pièces d’or que le maître confie à ses serviteurs. Mais le message est passé : Dieu a confié à chacun de nous des compétences à exploiter, des qualités à mettre en valeur pour le bien de tous.
Cette parabole est d’abord un hommage à la liberté humaine. Dieu ‘part en voyage’ et nous confie ‘les talents’ à faire fructifier comme bon nous semble. Il se met en retrait de nos activités et n’intervient pas dans nos prises de décision. Il nous laisse libres, ‘à chacun selon ses capacités’, de gérer nos ressources selon notre propre initiative. Cette confiance réclame donc une réponse positive de notre part ! Dieu nous demande d’utiliser les dons reçus pour le bien de notre petit univers. Il nous faut oser agir et surtout passer à l’action. De nombreuses raisons sont susceptibles de freiner notre ardeur car, dans certaine circonstance, nous estimons ne pas avoir assez de capacité pour mener un projet à terme. Cependant, il ne s’agit pas seulement des qualités personnelles mais aussi des responsabilités qui nous sont confiées : notre famille, les personnes envers qui nous avons le devoir d’aider. Ainsi, du ‘talent’, chacun de nous en a plus ou moins : Une capacité, quelle qu’elle soit, à développer et à mettre au service de ceux qui ont besoin de nous ou qui sont moins favorisés que nous. Et il serait bien dommage de cacher nos compétences par manque de dynamisme ou de confiance en nous. Mais quel gâchis, soupira-t-on !…
Un des serviteurs va cacher l’argent confié en terre ! Sa passivité a une racine profonde : la peur. La mission reçue lui apparaît non pas comme une invitation à la créativité, mais comme une contrainte, comme un fardeau imposé. Paralysé par crainte de se tromper, il a peur de ne pas réussir sans même avoir essayé. Combien de fois, nous aussi, par peur du risque, nous n’osons pas mettre en valeur ce qui est en nous. Par peur de paraître imbécile, nous n’osons pas nous montrer tels que nous sommes. Par peur de mal faire, nous hésitons de franchir le pas. Quel dommage ! Car des ressources cachées ou mal gérées finissent souvent par s’évaporer. N’attendons pas que tout soit parfait pour passer à l’action. Ce n’est qu’une excuse pour ne pas avancer ou agir. On ne peut pas réussir sans fournir d’effort. On ne peut pas résoudre une difficulté sans avoir la volonté de venir à bout d’une tâche ardue, car la frontière est très ténue entre la réussite et l’échec, entre une vie épanouie et une existence médiocre. Retrousser les manches et mettre les mains dans le cambouis est souvent la seule méthode pour donner de la consistance à nos rêves et nos envies. Il n’existe pas de profit sans engagement et sans risque. Un passage obligé pour que nos ambitions prennent forme.
Cependant une question que chacun se pose discrètement : ‘Combien ai-je reçu de talents ? Quel est ma part de responsabilité dans le bonheur de ceux qui m’entourent ?’ Nous sommes appelés à prendre des initiatives à la mesure de nos possibilités. Mettons à profit le trésor que nous portons en nous. Jésus nous invite à l’activité. Ce qui compte, ce n’est pas l’abondance ou la pauvreté des moyens que nous possédons, mais c’est la détermination de les utiliser correctement. Un talent ne sert pas à grand-chose s’il n’est pas mis en service. Une lumière cachée dans l’anonymat n’éclaire personne. « On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. » nous dit Jésus (Mt 5:15)
La parabole met en lumière deux façons radicalement opposées dans notre relation avec Dieu : L’amour ou la peur. À l’encontre de la méfiance du troisième serviteur : « Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur ! », sainte Thérèse de l’Enfant Jésus nous disait : « Vous voulez un Dieu amour, vous aurez un Dieu amour ; vous voulez un Dieu justice, vous aurez un Dieu justice. » La peur stérilise l’existence. L’Amour donne des ailes. En toute chose, agissons en enfant de Dieu.
Nguyễn Thế Cường Jacques